Ezelmée dansait sur la piste de danse comme elle le faisait si souvent. Très extravertie, elle n’était pas de celles timides qui restaient assises sur le canapé en attendant que quelqu’un les invite à danser. Pour l’énième fois, les Omega Phi avaient organisé une petite soirée, dans la quelle les habitués mettaient un maximum d’ambiance. Ezel faisait parti d’entre eux. La jeune femme s’était mise à danser comme jamais et attirait tout les gens qu’elle croisait avec elle sur la piste, juste pour s’amuser. Elle n’avait pas beaucoup bu ce soir là, ni même fumer des masses, elle n’était pas vraiment dans l’état second qui constitué l’ivresse. Enfin, lorsque la musique cessa pour laisser place à un slow, elle s’arrêta de danser, désireuse d’avaler un verre de champagne, pour se désaltérer. Un garçon qu’elle ne connaissait que de vue s’approcha d’elle et lui tendit une main timide afin de l’inviter à danser. Trop chaleureuse pour refuser elle prit sa main et se laissa entrainer sur la piste de danse. En général les garçons venaient souvent l’inviter à danser car ils savaient qu’elle ne refusait presque jamais, et ce, peu importe le garçon.

Amical et douce, elle dansait avec les plus âgés comme avec les plus jeunes, avec les plus beaux mais ne négligeait pas les plus ordinaires, les petits et les grands, rien ne l’arrêtait tant qu’elle s’amusait. Certains voulaient aller plus loin et l’invitaient dans leur chambre, mais elle refusait à chaque fois. Elle n’était pas une catin, comme elle aimait le répéter si souvent. Lorsque la musique s’arrêta une fois encore, Ezelmée se libéra de l’étreinte de son partenaire pour récupérer son verre de champagne et sortir de la piste de danse. De ses yeux bleus elle chercha rapidement la personne la plus importante pour elle : Gabriel Whisper, son meilleur ami, son confident, son frère. Malheureusement, le garçon ne pointa pas le bout de son nez et Ezel du se mettre à sa recherche.

Durant son expédition, elle fut arrêtée de maintes fois pour discuter avec diverses personnes, toujours souriante, elle se contentait de répondre aux habituels « Comment vas-tu ? » ou « Comment trouves-tu la soirée ? » et « Alors Ezel, toujours célibataire ? », mais n’alimentait pas plus la conversation afin de continuer ses recherches. Elle ne l’avait pas trouvé lorsqu’elle décida d’aller prendre l’air, sur la terrasse avant de continuer, et se fut la bonne pioche : Gabriel était là, un verre vide à la main. Ezel s’approcha de lui et posa une main sur son épaule pour le faire se retourner. Lorsqu’il s’exécuta, tout sourire, il se pencha vers elle comme s’il allait lui dire un secret et la jeune femme eut le loisir de sentir son haleine qui s’apparentait de très près à celle d’un ivrogne. Il était ivre mort. Ses yeux étaient vitreux et son sourire n’était pas celui aussi charmeur qu’elle lui connaissait. Elle soupira et lui retira le verre vide des mains. D’un air sévère elle lui demanda doucement.

« Tu en es à combien de verres au juste ? »

Elle ne pouvait cependant pas être en colère contre lui plus d’une minute et elle retrouva son sourire. Sans lui demander son avis, elle le prit par la taille et l’entraîna vers la pelouse qu’il fallait traverser pour le ramener à son studio. C’était en effet la meilleure solution. Mais Gabriel ne semblait pas l’entendre de cette oreille et opposait une résistance. C’était un garçon bien bâti, et bien plus grand que la frêle Ezelmée, aussi fut elle contrainte à s’arrêter elle aussi. Elle fit volte face et le regarda d’un air inquiet.

« Il vaut mieux que tu ailles de coucher, darling. Tu n’es pas en très bon état. J’ai vu mieux de ta part. »