« Brothers' fight. But still brothers. »
Puisque la haine ne cessera jamais avec la haine, la haine cessera avec l'amour.
On peut faire beaucoup avec la haine, mais encore plus avec l'amour.

« Olympe ? T'es où bordel ? » « ... » « QUOI ? Tu vas manger en ville avec Michelle ? » « ... » « Et moi dans tout ça ? On était censés manger ensemble j'te rappelle. T'as oublié peut-être ? » « ... » « Je m'en serais douté. Bon tant pis, je vais quand même aller manger. Pas envie de faire la grève de la faim. Y'aura bien quelqu'un pour manger avec moi. Passez une bonne soirée & amusez vous bien. Tu me raconteras ce soir t'façon. A minuit, tu es rentrée. Non mais. Haha. Bisous. »

Sur cette conversation légèrement mouvementée avec ma sœur de cœur, je fourrai mon téléphone portable dans la poche de mon jean, avant d'attraper ma veste et de sortir du studio où j'étais le seul survivant. Enfin, survivant est un bien grand mot. Disons que j'étais le seul, puisque les deux autres - hormis Olympe - avaient disparu je ne sais où. Tout ce que j'avais à faire, c'était de manger au réfectoire. Bon, je ne dis pas que c'est de la grande cuisine, mais on s'en contente, faute de mieux. Je sortis donc du Studio un, et en fermai la porte. Je fis quelques pas, et

« Tiens Gabriel. Mon frère. » dis-je avec un ton plein d'amertume.
« Tiens donc Eze', ça faisait longtemps. Maintenant qu'on s'est dit bonjour, du vent, tu pollues le paysage. » avec un grand sourire aux lèvres.
« Depuis quand devrais-je t'obéir, frérot ? Je suis ici autant chez moi que tu ne l'es. Alors ne cherche pas les emmerdes avec moi, c'est pas le moment. »
« Tu ne cherches pas les emmerdes hein ? Alors pourquoi tu viens me voir ? Tu sais très bien que je ne vais pas t'accueillir avec des chocolats et des roses alors avoue que t'es un peu maso sur les bords pour quand même venir me voir. Serait-il possible que mon propre frère ne puisse pas se passer de mes insultes quotidiennes ? Ah moins que ça soit mon charme naturel qui te fasse cet effet... »
« Si j'avais pu éviter de te croiser ce soir, je l'aurais fait, crois moi sur paroles. Je n'ai cure de tes insultes à deux balles, elles ne m'atteignent en aucun cas. C'est dommage pour toi, non ? Toi qui croyais pouvoir détruire ton propre frère de la sorte. J'imagine que Papa et Maman seraient extrêmement déçus de t'entendre parler à ton frère ainsi. Tu ne crois pas que tu as assez fait de dégâts comme ça, dans le passé ? L'école buissonnière, les mauvaises notes que tu ramenais à la maison, et j'en passe les pires. J'essayais toujours de te trouver une excuse. J'étais toujours là pour toi. Mais apparemment, ce n'était pas réciproque. J'ignore ce que j'ai pu faire pour avoir un frère comme toi, mais bordel quoi. »
« Han mon dieu, mais comment n'ai-je pas pu voir ta si magnifique perfection avant Ezeckiel ? Tu viens d'apporter la lumière dans mon cœur rempli de ténèbres ! Je ne te remercierai jamais assez ! Un câlin pour fêter ça ? »
« Fuck it. Ne joue pas à ce petit jeu avec moi, Gabriel. Oh et puis merde, tu fais chier. Tu veux savoir quoi ? J'en ai rien à foutre de ta gueule. T'es content maintenant ? Sur ce, ne m'en veux pas frérot de te laisser dans ces couloirs, mais je vais aller remplir mon estomac avec autre chose que du spliff et de l'alcool. Ah oui, et tu salueras ta pute du jour de ma part. »

Sur ces mots, je m'éloignais de celui qui était mon frère, et qui pourtant, ne le semblait pas. Nous étions tellement différents tous les deux, et hormis les gènes et le nom de famille, nous n'avions rien en commun. Absolument rien. Et pourtant, malgré tout, je ne cessai de l'aimer. Il avait ses faiblesses, mais malheureusement, je n'arrivais pas à les déceler tant son cœur était de pierre. Quelques instants plus tard, j'arrivais au réfectoire, après avoir traversé le Parc pour m'y rendre. Tudieu, quel monde. En même temps, c'était l'heure à laquelle tout le monde mangeait. Si je trouvais une table libre, je devrais m'estimer heureux. Je pris mon plateau, mes couverts, et alla me servir pour manger. Une fois ceci fait, je marchais dans le vide à la recherche d'une table libre. Je devais être béni en ce jour, puisque j'en trouvai une. D'un pas légèrement pressé, je m'y dirigeai. Je posai mon plateau, enlevai ma veste que je posai sur le dossier de la chaise, et m'assit. J'approchai le plateau de moi, attrapai ma fourchette et entama ma salade lorsqu'un plateau se posa devant moi. Ignorant la personne - bien que je sache qui c'était (sa manière de poser un plateau était reconnaissable entre mille), je continuai de manger.

« Fuck it. Plus d'feuilles. »

Un soupir. Le jeune homme balança son paquet anciennement plein de feuilles à rouler par terre et tâtonna dans toutes les poches de son jean ou de sa veste à la recherche d'autres feuilles. Rien.

« Shit ! »

Sortant en trombe de son studio, il partit à la recherche d'une connaisse à taxer. Elias était le plus à même de lui offrir une feuille ou deux, après tout ce qu'il dépensait pour lui et tout ce qu'il lui offrait. Ouais, c'était décidé. Il allait voir Elias. Et puis si il avait rien pour lui, il irait voir quelqu'un d'autre, du genre, n'importe qui, il draguerait n'importe qu'elle fille pour qu'elle lui file tout ce qu'il voudrait. Clopes, feuilles, feu... Plus si elle était pas vilaine. Rah non, pas penser à ça maintenant, on avait toute la soirée pour ça. Une esquisse de sourire et il sortit du studio. A peine avait-il fait deux pas en direction du dortoir des Mu Delta qu'une voix bien particulière l'interpella.

« Tiens Gabriel. Mon frère. »

Il se retourna lentement, la remarque était pleine d'amertume. Non, mais non, il était pressé là.

« Tiens donc Eze', ça faisait longtemps. Maintenant qu'on s'est dit bonjour, du vent, tu pollues le paysage. »

Et ce n'était pas totalement faux. Il polluait autant l'air que la vue cet enfant là. Un sourire ironique se dessina sur le visage de G. et il pencha légèrement la tête sur le côté.

« Depuis quand devrais-je t'obéir, frérot ? Je suis ici autant chez moi que tu ne l'es. Alors ne cherche pas les emmerdes avec moi, c'est pas le moment. »
« Tu ne cherches pas les emmerdes hein ? Alors pourquoi tu viens me voir ? Tu sais très bien que je ne vais pas t'accueillir avec des chocolats et des roses alors avoue que t'es un peu maso sur les bords pour quand même venir me voir. Serait-il possible que mon propre frère ne puisse pas se passer de mes insultes quotidiennes ? Ah moins que ça soit mon charme naturel qui te fasse cet effet... »
« Si j'avais pu éviter de te croiser ce soir, je l'aurais fait, crois moi sur paroles. Je n'ai cure de tes insultes à deux balles, elles ne m'atteignent en aucun cas. C'est dommage pour toi, non ? Toi qui croyais pouvoir détruire ton propre frère de la sorte. J'imagine que Papa et Maman seraient extrêmement déçus de t'entendre parler à ton frère ainsi. Tu ne crois pas que tu as assez fait de dégâts comme ça, dans le passé ? L'école buissonnière, les mauvaises notes que tu ramenais à la maison, et j'en passe les pires. J'essayais toujours de te trouver une excuse. J'étais toujours là pour toi. Mais apparemment, ce n'était pas réciproque. J'ignore ce que j'ai pu faire pour avoir un frère comme toi, mais bordel quoi. »
« Han mon dieu, mais comment n'ai-je pas pu voir ta si magnifique perfection avant Ezeckiel ? Tu viens d'apporter la lumière dans mon cœur rempli de ténèbres ! Je ne te remercierai jamais assez ! Un câlin pour fêter ça ? »

Et il tendit les bras pour bien lui faire comprendre toute l'ironie et le ridicule de la situation.

« Fuck it. Ne joue pas à ce petit jeu avec moi, Gabriel. Oh et puis merde, tu fais chier. Tu veux savoir quoi ? J'en ai rien à foutre de ta gueule. T'es content maintenant ? Sur ce, ne m'en veux pas frérot de te laisser dans ces couloirs, mais je vais aller remplir mon estomac avec autre chose que du spliff et de l'alcool. Ah oui, et tu salueras ta pute du jour de ma part. »

Et l'aîné partit. Enfin. La pute du jour, j't'en foutrais des putes moi, aucun respect pour les filles celui-là. Un gloussement de la part de G. Ouais c'était bien à lui de dire ça. Lui qui en avait une différente tous les soirs, et qui variait même pour des hommes certaines fois. Dieu il se souvenait encore de la tête de sa mère quand elle était rentrée dans sa chambre alors que sa conquête de la nuit précédente était en train de remettre son caleçon. La bonne blague, elle lui avait fait tout un speech sur son éducation entièrement ratée, elle avait bien sûr finit par le comparer à ce parfait petit Ezeckiel et il s'était emporté, un peu trop, pour finir par lui dire qu'il avait pris ses précautions, qu'il fallait qu'elle le lâche. Enfin.

Il arriva enfin devant les dortoirs des Mu Delta et en grand connaisseur partit au dortoir d'Elias. Quelques minutes de discussion et une promesse de joint plus tard, G. avait retrouvé et ses feuilles et son envie de fumer. Allez un p'tit rien que pour aller manger. Non, ça serait pas raisonnable. Il pouvait bien attendre encore un peu. Son ventre gargouilla. Ça par contre, ça ne pouvait pas attendre et c'est tout naturellement qu'il se dirigea vers le self.

Habitué à ne pas manger le soir, ou bien de se prendre un simple sandwich sur le chemin d'une fête, G. fut abasourdi par le monde qui s'était donné rendez-vous dans cet endroit si minuscule. Comment pouvaient-ils tous tenir dans une pièce si petite et sans se grimper les uns sur les autres ? Un soupir. Et il allait se mettre où lui d'abord ? Oh non. Or de questions. Plutôt manger par terre que de s'assoir avec lui. Un soupir mêlé d'un sourire. Ça pourrait être marrant tout compte fait. Il posa son plateau, délicatement, comme d'habitude. Il ne releva même pas la tête. G. s'assied en face de lui, il ne bougea pas d'un cil. Un grand moment de silence les entoura tandis que le plus jeune des Whisper contemplait leur plateau respectif. Ils avaient pris exactement la même chose. Dans le fond c'était marrant de voir qu'ils se ressemblaient sur au moins un point, la bouffe.

« T'affoles pas Eze' le cupidon de la fraternité n'est pas venu décocher sa petite flèche d'amour en plein cœur. Y a juste plus de places. »

Bon appétit.

Si je trouvais une table libre, je devrais m'estimer heureux. Je pris mon plateau, mes couverts, et alla me servir pour manger. Une fois ceci fait, je marchais dans le vide à la recherche d'une table libre. Je devais être béni en ce jour, puisque j'en trouvai une. D'un pas légèrement pressé, je m'y dirigeai. Je posai mon plateau, enlevai ma veste que je posai sur le dossier de la chaise, et m'assit. J'approchai le plateau de moi, attrapai ma fourchette et entama ma salade lorsqu'un plateau se posa devant moi. Ignorant la personne - bien que je sache qui c'était (sa manière de poser un plateau était reconnaissable entre mille), je continuai de manger. Gabriel s'assit en face de moi, et cela me semblait aussi étrange que surnaturel. Gabriel mangeait avec moi. Bon, d'accord, j'étais conscient que ce ne serait pas une partie de plaisir. Enfin.

« T'affoles pas Eze' le cupidon de la fraternité n'est pas venu décocher sa petite flèche d'amour en plein cœur. Y a juste plus de places. »
« Mais je ne m'affole pas. Je suis simplement étonné de te voir. Je croyais que tu aurais même pu manger par terre tellement tu me hais, bros'. »

Comme si de rien n'était, j'attaquais ma viande qui était dans mon assiette, accompagnée de pommes de terre frites. Cela me faisait vraiment bizarre d'être assis ici, en compagnie de mon frère. Même les autres élèves s'en étaient rendus compte tant un silence était tombé sur le réfectoire. Plusieurs regards étaient tournés vers nous, mais je n'y fis guère attention. Ils devaient seulement être étonnés que nous soyons assis, là, tous les deux. A croire que tous étaient au courant de l'électricité qui existait entre mon frère et moi. Ils s'attendaient sûrement à ce que je hausse le ton contre mon frère. Mais je ne leur donnerais certainement pas ce plaisir. Au contraire, je resterais de marbre face à lui, même si je me sentais bouillonnant de rage au fond de moi. Je n'avais pas envie d'alimenter les ragots. Sérieusement. Je sais que certaines personnes prenaient plaisir à être au milieu des sujets de conversation, mais ce n'était pas mon cas, bien que ce fut le cas en ce moment présent. Un murmure presque inaudible s'éleva dans le réfectoire, et tout tournait autour de Ezeckiel & Gabriel Whisper. Les frères ennemis. C'était ainsi que nous étions connus à Brown, et ce n'était certainement pas sur le point de changer. Malgré tout, j'aimais mon frère. J'avais tout fait pour lui, dans la mesure du possible. Mais apparemment, celui ci ne s'en n'est jamais rendu compte, vu comment il faisait vœu de haine envers moi. Je tentais de l'accepter comme il était, mais cela était de plus en plus dur pour moi. Je relevai la tête vers Gabriel, et celui ci continuait de manger, comme si de rien était. Mais je le sentais, il était crispé. Il voulait me provoquer, je le savais, mais je n'entrerait jamais dans son jeu. Oh que non.

« En tout cas, laisse moi te dire que c'est une première de te voir assis avec moi. Non, franchement. Je n'aurais jamais osé imaginer cela. Mais apparemment, cela te pose un problème. Alors, si ça te dérange tant que cela, tu sais ce qu'il te reste à faire, Gabriel. »