La danse est le plus sublime, le plus émouvant, le plus beau de tous les arts, parce qu'elle n'est pas une simple traduction ou abstraction de la vie ; c'est la vie elle-même.
JUDE ; « sors la mini et le push up, darling, ce soir je te sors. J'parie que t'as jamais mis les pieds au What's, je me trompe ? »
La journée venait à peine de se terminer. Une journée particulièrement chargée puisque j'avais dû répondre à plusieurs tests d'aptitudes évaluant mon niveau. Le genre de test sur lequel on est sûr de tomber en début d'année. Mais si j'avais pu m'en passer... Tranquillement allongée dans ma baignoire, je tentais de décompresser, tout simplement. L'eau chantait doucement à mon oreille et j'aurais pu m'endormir là si mon portable n'avait pas vibrer sur le lavabo. J'avais répondu d'une voix évasive. Comment faire comprendre sans l'offenser à mon interlocuteur que là, non, vraiment, ce n'était pas le bon moment ? La voix de Jude me réconforta cependant. C'aurait pu être pire. Mes sa proposition me fit fronder les sourcils. Cela aurait été vain de lui faire remarquer que demain, comme c'est étrange, nous avions court, aussi préférais-je répondre à son ton provocateur.
INGA ; « pour ta gouverne, Ju', je suis déjà allée au What's ... plus d' une fois d'ailleurs, mais c'est pas la question, je ne mets pas de push-up, j'ai pas besoin de ça, n'insinue pas ce genre de chose, s'il te plaît. Ensuite, je n'accepte de sortir que si tu passes par ma chambre d'abord. J'pourrais p't'être enfin t'expliquer comment paraître encore présentable après une nuit de folie. Au fait, t'as pas le choix. »
C'est ainsi qu'à onze heures, ce soir là, Jude était installée sur mon lit, lorgnant sur la boîte à maquillage que j'avais posé sur mes genoux. Non, rectification, ce n'était pas une boîte, c'était une valise, du genre de celle que transporte les professionnels. Ce que j'étais devenue en quelques années de pratique.
INGA ; « - tu vois, ça sert à rien de mettre du mascara, sauf si tu veux vraiment avoir l'air d'un panda en sortant de la boîte. Faut trouver une parade, moi, tu vois, j'utilise ... J'te fais vraiment chier pas vrai ? » JUDE ; « - l'entrée est gratuite pour les filles avant minuit ...» INGA ; « - je suppose que je n'ai plus le choix alors ... »
Comment nommer la relation qui nous unissait, Jude et moi ? Je ne crois pas qu'il existe de mots dans la langue anglaise, et s'il existe, je ne le connais pas. Nous nous sommes rencontrées il y a un an à peine. Je la connaissais de nom, ou de réputation, et moi je n'étais rien pour elle alors, si ce n'est une simple Alpha Bêta Gamma. Et puis il y eut cette rencontre. Fortuite ? Un simple accrochage dans le couloir. Et elle s'était intéressée à moi. Devais-je considérer cela comme une faveur ? Je ne sais pas. Mais depuis ce jour, elle m'avait ouvert les portes d'un monde que je ne connaissais qu'en apparence. Ces soirées auxquelles je participais et que je quittais au bout de quelques heures pour ne pas avoir l'air fatigué le lendemain prirent alors une toute autre dimension. Avec le recul, je me dis que j'aurais vraiment raté quelque chose, si cette fille, je ne l'avais pas rencontrée.
Le taxi nous déposa devant le What's quelques minutes avant minuit. Mon pied manucuré, gansé d'un escarpin à bout ouvert, ciré noir et à talons hauts, valant probablement près de deux cents dollars, toucha le sol pavé, et je tirais sur ma robe bustier pour la remettre en place. Le Rouge Chanel maquillait mes lèvres et des boucles illuminées de reflets miel dévalaient mon dos. Étais-je parfaite ? Je ne serais pas sortie si je ne l'étais pas. J'étais l'incarnation de la beauté suédoise, celle qui faisait fantasmé les hommes et que les femmes jalousent secrètement. Depuis mon adolescence, je cultivais ce look de jeune femme superficielle, et malgré la connotation négative du mot, je n'en aurais changé pour rien au monde ...
Le changement en l'air frais du dehors et l'atmosphère lourde et enfumée de la boîte fut violente. J'eus à peine le temps de poser ma pochette que Jude m'entraînait déjà sur la piste de danse. J'étais toujours autant impressionnée par l'énergie de cette fille. Les hauts-parleurs libéraient une musique rythmique, entrainante, et doucement, je me laissais guider par cette musique, donnant à mon corps l'ondulation souhaitée. Cette soirée allait être fantastique, j'en étais persuadée. Tout était fantastique, quand j'entrais dans le monde de Jude.
Dancing Queens ; PV JUDE
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