queens b. ; Bosnia & Beth

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J'avais téléphoné à Bosnia en début d'après-midi. Je me sentais nerveuse, patraque, pas dans mon assiette. J'avais besoin d'un remontant, de quelque chose qui me redonnerait ce sourire magnifique que j'esquissais quand j'étais heureuse. D'habitude, la compagnie d'un ami, un petit compliment ou un bon bouquin suffisaient à me mettre de bonne humeur. Aujourd'hui, j'avais besoin d'autre chose. J'avais donc téléphoné à ma fournisseuse de « substances illicites » comme il était écrit dans le règlement intérieur de Brown. J'avais rencontré Bosnia à une soirée. Nous n'avions pas beaucoup parlé, je ne me rappelle d'ailleurs pas comment nous nous étions rencontrées. J'avais certainement trop bu et trop fumé, comme d'habitude lorsque j'étais invitée quelque part. Il m'arrivait de me montrer indécente lorsque j'étais dans mon état second, ce qui n'était pourtant pas dans ma nature. Elizabeth Alice Hampton était réputée pour savoir se tenir d'habitude, et provenir d'une famille plutôt respectable. J'entachais souvent cette réputation, malgré moi, et priais pour que mes parents n'en sachent jamais rien.

Ma mère en aurait fait un arrêt cardiaque si elle avait appris que je buvais, fumais, faisais la fête et couchait à tout bout de champ, et rarement avec le même garçon. Elle n'aurait pas toléré ça et serait venue me rendre une petite visite peu amicale, c'était certains. Elle aurait été malheureuse et affreusement déçue. Je n'aurais pas supporté ses larmes et ses cris, j'avais beau être devenue une garce, je ne tolérerais pas le malheur de ma mère. Bref. B. m'avait donné rendez-vous à St James' Park. Avant de partir, j'avais vérifié que j'avais suffisamment d'argent sur moi, ces petites magouilles me coutaient cher. J'arrivais avant elle sur le lieu de rendez-vous fixé quelques heures plus tôt au téléphone. Nous n'avions pas pris la peine d'utiliser un langage codé, au cas où Instant Gossip surveillerait toutes les conversations téléphoniques de l'université. Je ne pensais pas que cela soit probable, mais tout de même, nous aurions dû être un peu plus prudentes. C'était la seconde fois que j'achetais de la drogue en plein jour, pour un usage privé et loin d'une quelconque soirée. Je n'avais pas trop l'habitude de ce petit jeu là, je me contentais d'habitude de fumer une dizaine de pétards durant la soirée. Bosnia ne se contentait pas de me vendre de l'herbe, elle me vendait de la poudre, ce qui m'avait un peu effrayée la première fois.

J'étais assise sur un banc du parc, attendant patiemment que mon amie arrive. Lorsque je la remarquais de loin, je me levais. Elle attrapa ma main et me conduit rapidement derrière un arbre, afin d'effectuer notre transaction illégale.

« T'as l'argent ? »

Je hochais la tête. Elle ne me parlait pas comme à une amie, mais comme à une cliente qu'il fallait se dépêcher de fournir. Je ne relevais pas, il s'agissait là de business et de discrétion, pas d'amitié ou de camaraderies. Nous aurions le temps de papoter après, comme si de rien n'était. Je sortis les billets de mon sac à main, discrètement, et les lui glissait dans la main. En échange, elle me donna un sachet de la poudre que j'appelais "poudre miracle". Je m'en servirais plus tard dans l'après-midi, après avoir quitté B.

« En espérant que cette foutue Instant Gossips ou je ne sais trop qui ne soit pas dans les parages. »