COME ON HONEY. PV ANA

" S'pèce de craignos ! T'es vraiment trop nul Ana ! Viens là fumer, que j'arrête de gueuler comme une conne dans le couloir ! Rolala, c'est trop pas discret en plus ... "

Sixtine éclata de rire, se retint au mur blanc crasseux du couloir à cause de l'instabilité que lui offrait ses hauts talons, et soupira d'un air faussement désespéré en lui lançant un regard du même genre dans la foulée. Cela faisait exactement (& à peine) 5 minutes que les cours magistraux avaient commencés et pourtant le couloir était déja désert. Elle trouvait cela pitoyable tous ces petits fils à papa et ces saintes nitouches qui se précipitaient en cours comme si leur vie en dépendait. C'est d'ailleurs pourquoi la jeune femme avait réussit à trouver Ana dans les toilettes, endroit super glamour et de lui proposer un joint avant d'utiliser leurs cerveaux ... Quoique, quand les journées commençaient ainsi, elles terminaient souvent de la même manière, voir pire.
Enfin bref, Sixt' c'était donc ramener dans les toilettes des mecs en tambourinant la porte: Un texto de la part d'Ana avait fait office de guide. Une voix à l'intérieur avait lancé un défi à deux balles dans le genre 'Vient me chercher pour m'avoir', & évidemment qu'elle l'avait fait, faisant fuir tous ceux qui étaient venus uriner au passage. Evidemment il y avait alors eu un grand éclat de rire entre les deux amis avant qu'elle n'attrape Ana par la manche pour le sortir de là, toujours en rigolant.

Mais voilà, celui ci semblait maintenant scotché à son casier et Sixtine l'attendait encore de l'autre côté du couloir pour se trouver un endroit où fumer leurs joints. Elle ne savait pas ce qu'il foutait là, mais ça devait être sacrément intéressant parce qu'il trainait comme pas possible.

" Allez; Ana, dépêêêêêcheuuuuhh ! "

Impatiente, Sixtine esquissa une mine boudeuse et tapa de son talon sur le sol, ce qui résonna dans tout le couloir. Elle le regardait, là, et souriait. En effet, c'était un petit blond, tout comme elle, & il n'était pas rare qu'on les prenne pour frére & soeur ... Si seulement ils savaient. Sixt' profita de l'attente pour redéscendre sa tunique bleu ciel qui avait remonté le long de ses cuisses vêtues d'un leggings noir. Bon, elle avait le chercher jusqu'à dans les chiottes et monsieur ne faisait même pas l'effort de s'activer un peu. Ses mains posées sur ses hanches, elle fronça des sourcils, attrapa son sac à main qu'elle mit à son épaule, et traversa le couloir pour aller le rejoindre et comprendre ce qu'il foutait là alors que elle s'impatientait. Arrivant vers lui, celui ci était de dos, et d'un rire cristallin, sa mine boudeuse ayant disparue, elle passa ses mains dans les cheveux d'Ana afin de les ébouriffer. Quoique, cela ne changea pas grand chose vu l'était actuel de ceux ci.

Un sourire frôla furtivement les lèvres d’Ana alors qu’il écoutait d’une oreille distraite les plaintes de sa meilleure amie. Il serrait entre ses doigts fins un papier âpre qui s’avérait être une missive d’une jolie brune qui se refusait à lui depuis déjà quelques semaines. Ce soir, la belle serait sienne et elle ne le savait pas encore. Il voyait déjà sa main se faufilait entres ses jambes avides alors qu’elle s’enfoncerait lentement dans le péché de la chair. Pauvre Pucelle qui allait sous peu devenir Putain.

Des petites mains de nymphe glissèrent entre ses mèches dorées alors qu’il reposait la lettre dans le fouillis de son casier. Il les attrapa, sans douceur, manquant de faire tomber la jeune fille et les porta à ses lèvres.

« Je suis tout à vous, Hellwood. »

Il relâcha l’emprise qu’il avait sur ses mains pour la focaliser sur ses poignets et il en profita pour observer avec plus d’attention Sixtine. D’un air réprobateur, Ana tira sur sa tunique et pinça son leggins, trop moulant à son goût. Le bruissement léger d’un vêtement qui s’affaisse se fit entendre alors qu’il quittait sa veste pour la poser sur les épaules de son amie.

« La prochaine fois que tu t’habilles comme ça préviens moi, j’apporterai un voile. »

Il avança précipitamment vers la sortie pour éviter les avalanches de coups qu’elle se préparait à lui donner de bon cœur, mais il n’échappa pas aux jolies insultes qu’elle lui attribua. Et dire que c’était avec cette bouche qu’elle embrassait sa délicieuse maman.

Ils trouvèrent un coin à l’écart prés du parc où ils pouvaient fumer la pute en blanc sans aucune retenue. Le jeune homme s’appuya nonchalamment sur le tronc d’un arbre observant fixement de ses grands yeux chocolats le joint entre ses doigts. Il l’alluma avant d’inspirer avec une lenteur déconcertante l’herbe et de passer le joint à son amie.

Ils n’avaient jamais rien eu besoin de se dire, tout était caché, tacite, implicite, arrangé, informulé mais pourtant tellement explicite dans chacun de leur geste, chacune de leur parole, une dévotion sans limite, un attachement sans frontière, un fervent dévouement qui vous réchauffait le cœur. Et pourtant, ils n’avaient rien d’angéliques : Une princesse capricieuse et un salaud hypocrite. Mais ils avaient le mérite d’avoir réussit à établir un semblant de relation qui n’était pas basé sur la destruction ou l’annihilation de l’autre.

Ana récupéra le joint avant que sa voix douce et rauque s’élève :

« Comment va Sainte Olympe ? La vierge qui prie pour les pauvres pécheurs que nous sommes… Amen.»

Il expulsa la fumée élégamment alors que son regard se faisait plus dur. Olympe Celeste Brooks, cette fille lui était littéralement antipathique, il exécrait ses airs de fille sage en perpétuelle souffrance. Mais Sixtine, dieu seul sait pourquoi, l’avait prise en affection, il avait toujours dit que les idées de sa meilleure amie était stupides mais là elles battaient des records.

Un regard par dessus l'épaule suffit pour que Sixtine comprenne ce qu'il faisait là. Une lettre, un mot, un papier entre les mains de son ami. Cela lui suffisait pour comprendre évidemment, et elle recula d'un pas d'un air innocent alors qu'Ana se retournait pour lui attraper les poignets. Sixt' fronça des sourcils car le geste quasi brusque de son ami la fit pivoter légèrement. En effet, c'était plutôt marrant, car grâce à ses talons Sixtine faisait exactement la même taille qu'Ana et pouvait alors enfoncer son regard bleu et envoùtant dans celui du jeune homme avec assurance. Ses poignets aux lèvres du blondinet, Sixtine se dégagea alors qu'il relâchait l'emprise et l'écouta prendre parole avec un léger sourire.

" Quelle chance, monsieur daigne m'adresser la parole. "

Sa voix froide et dure semblait pleine de reproches, mais il n'en était nullement le cas. Mademoiselle Hellwood aimait juste jouer avec ses intonations, et Ana le savait très bien. Elle aimait beaucoup aussi lui reprocher des choses alors qu'elle appréciait ses intentions et savait qu'elle en était une privilégiée. Mais voilà, fallait toujours que le jeune homme fasse des siennes : Sixtine se retrouva les épaules recouvertes de la veste de son ami après s'être faite touchée la tunique et le leggings. On dit parfois qu'on s'y habitue, mais il était bien le seul à lui faire ce genre de remarques, et à chaque fois elle s'en trouvait exaspéré. Après quelques insultes vives, elle se posa pour reprendre parole dans un soupire exagéré.

" Je ne veux pas de ta veste Ana, et arrête de réagir ainsi à certaines de mes tenues : ça fait vraiment vieux jeu. "

Il lui avait dès le départ fait comprendre qu'elle ressemblait à sa petite soeur, et c'est l'attitude qu'avait instinctivement adoptée Sixtine : Elle aimait transgresser les limites, que ce soit physiquement ou moralement, lorsqu'elle était à ses côtés. Car même si jamais elle ne l'avouerait, elle aimait se faire reprendre et critiquer par Ana. N'ayant aucune famille, c'était en quelque sorte son repère. Face à lui, Sixtine agissait telle une gosse, encore plus capricieuse qu'à son habitude. Evidemment, Sixtine savait aussi être celle qu'elle était toujours, et elle adorait leurs moments intimes ou peu de paroles suffisaient pour se comprendre. Ils étaient très différents au fond, à forts caractères tous deux, mais se comprenaient très facilement.

Ils s'installèrent bientôt à l'écart, dans le parc. Ayant gardée la veste d'Ana malgré tout, la jeune Hellwood l'enleva enfin et la lui tendit avec insistance. Cependant, elle se ravisa et d'un regard défieur, laissa la veste tomber à ses pieds pour finalement s'assoire gentiment dessus, comme si elle avait peur de se salir. Puis elle le regarda savourer son joint avant qu'il le lui passe. Sixtine prit son temps, ferma les yeux quelques secondes, profitant de ce dont elle était en train de se remplir les poumons. Tous deux semblaient être deux anges innocents; et pourtant il y avait bien plus derrière. Lui repassant le joint, elle soupira de nouveau aux paroles d'Ana qui devait toujours provoquer par rapport à Olympe.

" Tu arrêtes ? Vas tu me faire le coup à chaque fois chéri ? "

Se relevant lentement, ramassant la veste au passage qu'elle posa à travers son sac à main, Sixtine effleura l'arrête du nez d'Ana de son index.

" Dit moi ce qui te gène réellement. Elle a refusée de passer une nuit avec toi ou tu as peur que je devienne comme elle ? Ne peux tu pas faire un effort ? Au moins pour notre bonne entente dans le studio ... J'en fais bien envers Ezeckiel. "

Sa justification n'avait aucun sens, et un sourire ironique se dessina sur les lèvres de Sixtine qui tendit sa main pour reprendre le joint.