Sujet: Esquisse d'un labyrinthe {PV Ana Sam 30 Mai - 0:43
La sensation ancestrale ne se ressentait pas véritablement dans cette pièce où la modernité paraissait suinter de toute part, déversant sa suave illusion d’autrefois sous les ajouts que les subventions étaient venues apporter à l’école, venant pour la plupart d’anciens élèves, ou bien encore des parents de ceux qui parcouraient actuellement ces bâtiments. Et la ravissante égérie qui se trouvait en ces lieux ne faisait aucunement exception, papa Stones ayant payé pour être certain que sa fille unique ait accès à cette prestigieuse école, bien qu’il aurait sans doute préféré qu’elle suive ses pas, s’enlise dans ses empruntes, mais persister dans l’ombre d’autres êtres avaient quelque chose qu’elle haïssait. Construire, faire par elle-même lui paraissait tellement plus impressionnant, passionnant également, que d’embrasser un destin tout tracé. Peut-être était-ce pour se différencier de sa mère qu’elle avait désiré se détacher de ce passé tâché, emprunt d’aventures qui l’avaient tout droit conduite dans les bras d’un homme qu’elle avait beau aimer, mais qui ne lui avait jamais véritablement permis de faire ce qu’elle désirait.
Blythe voulait être tellement plus, reniant jusqu’à ses sentiments les plus brûlants, s’enfuyant à la manière d’un délicat papillon froissé, refusant de céder, répugnant à se laisser aller. Pire… elle était pire que celles qui embrassaient et s’étalaient dans ces lits de soie, prêtent à satisfaire les désirs du Diable lui-même si cela pouvaient les entraîner dans des myriades insoupçonnés ; juste parce que leurs raisons capitulaient face à leurs désirs, ou bien encore à ces drogues embrumantes. Douce princesse aux effluves licencieuses… elle se laissait aller dans ces bras, juste le temps d’une illusion fiévreuse, ressentant les dérives maladives de ces mains… jusqu’à s’esquiver. Une allumeuse, voici ce que les mauvaises langues diraient d’elle, et ce n’était peut-être pas faux, mais combien de filles pouvaient prétendre être encore ‘intacte’ ? Bien trop peu, d’ailleurs n’était-elle pas une espèce en voix de disparition ? De celles qui ne tarderaient pas à s’éteindre sous les assauts corrosifs de cette mentalité frustrée de trop attendre.
Repoussant négligemment une mèche de ses cheveux derrière l’une de ses oreilles, la jeune fille tapota sa feuille de son crayon d’un air absent, esquissant un léger sourire à un garçon qui se trouvait non loin. Lui, il était le stéréotype parfait du garçon qu’elle aurait dû épouser, un homme sûr de lui, n’ayant aucune envie de l’étouffer par sa trop grande ambition, doux, attentif… mais qui n’était désespérément pas lui. Il manquait de charme, de classe, de passion, autant dire qu'elle ne savait pas vraiment ce qu'elle désirait au fond, tout en étant certaine que c'était le cas. Après tout, pourquoi se marier, épouser un être avant d'avoir batti ses envies ? C'était vieux jeu, et surtout la pire connerie qu'une fille pouvait faire de nos jours, et ce même si elle finissait pas tomber enceinte. Mieux valait être encore une salope que de se laisser museler, enfermer par quelqu'un comme... lui.
Ainsi, elle expia dans la seconde ce maudit soupir qui en disait tant, agacée par sa propre idiotie… mais Ana était bien le seul avec lequel profiter était définitivement dangereux, bien que d’autres n’auraient pas tant de scrupules à passer outre ses objections. Chose qui fort heureusement ne s’était jamais produite jusqu’ici. Mais, délaissant finalement son crayon, elle se leva, désertant son siège pour aller chercher un livre qui lui servirait à la suite de son travail, sans plus se préoccuper ni de lui, ni d’un autre… ni même de chercher celui vers lequel son esprit était traîtreusement revenu… De toute manière c’était ridicule, il n’était pas un garçon pour elle, peut-être était-ce cet interdit qui la fascinait à la manière d’un diable tentateur ? Sans doute…
Sans faire attention, elle s’engouffra dans l’une des allées sous une délictueuse habitude, ses pieds la menant avec précision dans les allées qu’elle avait arpentées à l’occasion. En l’occurrence, elle avait besoin d’un livre de droit, au sujet d’un point obscur d’économie sur la fraude, une idée de leur professeur qui faisait qu’elle devait parvenir à découvrir ce qui n’avait pas été correcte. Ses prunelles vacillantes sous une envie passagère de flâner, elle poursuivit son avancée, laissant ses doigts courir sur les tranches des livres avec une lascivité tremblante.
Esquisse d'un labyrinthe {PV Ana
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