Citation :

A : « Tu crois qu’un jour, tu arriveras à te confier à moi Eliott ? »
E : « Je crois que je n’y arriverais jamais avec personne… »
A : « Pourquoi ? Qu’est ce qui ne va pas ? Dis moi, je suis là pour toi. »
E : « Tout ce que je peux te confier, c’est que… Je t’aime, Alexander. »
A : « Tu sais très bien que ce n’est pas ce que j’ai envie d’entendre là. »
E : « Je sais. »

Je revois encore son visage, je me souviens même de ses mains passant dans mes cheveux bruns. Tout ça sont de vieux souvenirs, mais j’ y songe souvent quand la dose de drogue que je m’injecte dans le corps ne fait plus son effet. C’est la chute libre, l’effet anesthésiant de l’héroïne n’agit plus, et là c’est l’horreur, tout mon esprit resurgit, tout mes souvenirs refont surfaces. Pourquoi ? Aucune idée.

Citation :

« C’est fini, je ne veux plus vivre une relation à sens unique. Oublies moi, si tu m’aimes fais le pour toi, je ne peux plus continuer à faire celui qui se moque de ton histoire. Je t’ai trouvé dans la rue entrain de pleurer, et chaque fois que je te vois dans mes bras je songe à cette fille, à ton visage ce jour là. J’aurais aimé que tu m’expliques, j’ai attendu, mais tu ne l’as jamais fais. Il vaut mieux pour toi comme pour moi qu’on en reste là. Je sais que je ne suis qu’un chapitre dans ta vie, mais toi tu as été ma vie. Je ne veux pas être un obstacle à la tienne. Adieu E. »

C’est cette stupide lettre qui a motivé mon départ de Dublin. Voilà maintenant je suis aux Etats Unis, à Brown, et je m’en sors plutôt bien, j’ai fais de bonnes, comme de mauvaises rencontres. Je me suis liée d’amitié avec certains, j’en méprise d’autres. Comme Léandre. Je lui en veux, pourquoi ? Parce qu’il a fait celui qui voulait m’aider quand je suis arrivée à la Fac, il m’a présenté les lieux, et au final, je me suis retrouvée dans son lit. Je n’aurais jamais du, mais je ne sais pas pourquoi quand je suis avec lui, ça finit toujours comme ça. J’ai l’impression d’être un clou qui ne peut pas résister à l’aimant qui l’attire. Ce soir, alors que je marche timidement sur la plage, j’aperçois sa silhouette. Comme si j’avais envie de le voir…

E : « Moi qui voulait passer une bonne soirée, il fallait que je tombe sur toi. »

Je m’assois machinalement à côté de lui, comme s’il n’y avait aucun sentiment de haine, je ne suis pas d’humeur à me prendre la tête avec qui que ce soit. J’espère juste passer une bonne soirée, sans trop de complications. Le vent me fait légèrement frissonné. J’aurais du emporté une veste.

E : « Qu’est ce que tu fais ici à cet heure ? »

J’attends tranquillement la réponse à ma question, ma main plonge dans la poche de mon jean et je sors une clope de mon paquet.

Mes pas m’avaient guidé vers la plage. Je m’y étais rendu sans en prendre conscience. Jusqu’à ce que le bruit de la mer me sorte de mes pensées. Et je m’étais assis dans le sable froid. Contemplant le coucher de soleil à l’horizon. Il n’était pas dans mes habitudes d’observer le paysage et de m’émerveiller devant quelque chose de banal. Mais ce jour là j’avais l’impression que tout était différent. Que moi-même j’étais différent. Sûrement du au joint que j’avais fumé en partant. Je me sentais terriblement bien. Trop bien. Je n’étais plus tiraillé par ces millions de questions. J’étais serein. Et c’était parfait. Je ne sais pas combien de temps je suis resté dans cette position à attendre que le temps passe. Lentement. Cela m’a semblé durer une éternité. Et pourtant j’aimais bien. Le temps passait et je ne m’ennuyais pas. Il me manquait juste une bouteille de champagne, un livre de Sartre et peut-être une fille ? Comme pour réaliser mes souhaits ; la fille est arrivée. Eliott. J’avais reconnu sa façon de respirer et le bruit de ses pas bien avant qu’elle ne commence à parler. C’était comme ça, je savais toujours reconnaitre instantanément une fille avec qui j’avais passé une de mes nuits. Et elle faisait partie de ces filles.

« Moi qui voulait passer une bonne soirée, il fallait que je tombe sur toi. »
« tu ne pouvais pas mieux tomber en effet. Tu souhaitais sûrement passer cette fabuleuse soirée en ma compagnie sinon tu ne te serais pas assise à mes côtés. Je promets de ne pas te décevoir Eliott. »

Un vent frais se mit à souffler doucement, et je l’ai sentie frissonner à côté de moi. Je me suis senti d’humeur plus sympathique qu’à l’ordinaire. J’ai retiré ma veste pour la poser sur ses épaules. Quel gentleman je faisais. Mais je ne supportais pas les filles qui avaient froid. Elle aurait très bien pu être ingrate physiquement que j’aurais fait exactement pareil.

« Qu’est ce que tu fais ici à cet heure ? »
« j’observe le paysage. Je peux te poser la même question : que fais-tu ici à cette heure Lullaby ? »

Je l’avais vue sortir une clope de son paquet et je l’avais imitée, sortant à mon tour une cigarette de mon paquet. Ainsi qu’une allumette. J’avais oublié mon briquet et j’avais toujours une allumette sur moi, simple précaution souvent inutile. Mais pas ce jour là.