In a boring, boring, boring, boring, boring, boring classroom (with Octave)

C'était décidé, James était enfin accepté pour une année supplémentaire dans cette fac. Ce n'était pas non plus la nouvelle du siècle, car James savait pertinemment qu'il serait accepté au vu des relations de ses parents. C'était un des avantages non négligeable qu'il possédait grâce au statut enviable de ses deux parents. Ainsi, le Doyen avait fait mine de réfléchir, mais il n'en était rien, dès lors qu'il était entré dans la salle pour discuter avec celui-ci, la décision était déjà prise. James avait juste besoin de citer son nom, celui d'une famille des plus renommées en Angleterre, et d'une famille très populaire dans cette ville, Rowan. Comme un simple claquement de doigts, toutes les portes s'ouvraient à lui, il pouvait faire ce qu'il voulait. Enfin presque... Car l'année précédente, James avait un peu dépassé les limites. En réalité, il avait violé toutes les règles de l'établissement, en violant en même temps toutes les règles de l'État. Un joli record qui lui avait attiré pas mal d'ennuis, au final. Plusieurs exclusions, ainsi que plusieurs séjours au poste de police. Cette année, James avait décidé de s'en servir pour un nouveau départ. Bien sûr, s'assagir n'était pas dans ses plans. Mais se faire remarquer un peu moins l'était. Car James ne comptait pas vivre toute sa vie alimenté, nourri et logé par ses parents. Ce n'était pas la condition humaine la meilleure qu'il soit pour lui, comme pour n'importe qui. Bien qu'il ait un appartement à lui où il le voulait dans le monde s'il demandait à ses parents, il fallait toujours, comme je l'expliquais précédemment qu'il le demande à ses parents. Son besoin d'indépendance était fort, car James était une forte personnalité, à fort caractère.
Une journée ensoleillée s'annonçait, et le cours d'Histoire ne s'annonçait pas aussi rayonnant que le soleil. James était dans cette salle depuis maintenant une demi-heure, et il avait décidé de trouver une occupation plus intéressante que d'écouter ce que le vieux bonhomme tout gris racontait en bas, à côté du tableau. Il avait donc sorti de sa poche des feuilles, un grand sachet en plastique qui contenait une herbe dont l’odeur avait maintenant contaminé toute la salle. Il se pressa donc d’en sortir une certaine quantité, avant de rouler son joint. James avait par habitude sûrement, choisi une place près de la fenêtre. Il poussa lentement ce qui servait de levier, pour ainsi ouvrir la fenêtre. Il plaça son cône en dehors de la salle et l’alluma. Cet acte aurait pu à n’importe quel élève paraître irrespectueux, irresponsable, et encore beaucoup d’autres mots commençant par -irr. Mais pour James, c’était une formalité, quelque chose d’aussi banal que de prendre des notes. Pourtant, tout le monde n’était pas forcément d’accord avec lui, et encore moins sa voisine…

‘‘ Octave suivait le cours, du mieux qu’elle le pouvait. En temps normal, le contenu des cours d’histoire se révélaient intéressants, mais cette fois-ci il y avait quelque chose de bien différent. Déjà de la monotonie en ce début d’année ? Jamais, voyons, vous la connaissez bien. Il fallait l’avouer, ce cours était totalement inintéressant et l’amphithéâtre était assez vide si on le comparant à d’autres jours. Et pourtant, elle ne semblait pas être la seule à se demander ce qu’elle pouvait bien faire ici. En effet, il lui suffisant de jeter un coup d’œil vers son voisin. Son ennuie était bien plus visible. Il s’était carrément mit à fumer un joint en plein milieu de cours. Ce qui rendit la jeune femme déconcertée. Elle avait vu des choses, vécu aussi… Mais la plupart de temps, ce genre de spectacle se déroulait lors des soirées du campus, jamais en pleine journée et encore moins dans un bâtiment. Qui pouvait-il bien être pour se permettre ce genre de comportement ? En attendant, elle continua à prendre des notes, Octave avait beau paraître toujours bien habillée, faisant sans cesse attention à l’image physique qu’elle renvoyait et on ne peut plus présentable, elle restait une excellente élève éduquer au près d’un père militaire et d’une mère très conservatrice. Cependant, elle n’hésitait pas à s’interrompre dans son travail un court moment, de temps à autres, pour reprendre son observation de James. Celui là était vraiment sans gêne, mais bon il faut l’admettre, aujourd’hui il pouvait être sur de ne pas se faire prendre car si la plupart des élèves étaient dans le même état d’ennuie qu’Octave et son voisin, leur professeur semblait particulièrement passionné par le sujet du jour.
Plus le temps passait, moins le temps passait vite, plus le cours tournait au ridicule. Au bout d’un moment, la jeune fille posa délicatement la tête entre ses bras croisés sur leur table. Son regard décrocha définitivement le professeur et tomba sur James. Elle finit alors par lui adresser la parole, dans un murmure (il ne fallait tout de même pas abuser de l’inattention de leur professeur vis-à-vis des étudiants).

« A quoi tu joues ? » ’’

James n'avait pas porté une très grande attention à ses voisins, et encore moins à sa voisine la plus proche. Car James était plutôt le genre de garçon dragueur, et il n'aurait pas hésité un seul instant à draguer cette jeune femme, s'il avait daigné s'occuper de ce qui l'entourait bien entendu, car il semblait bien plus préoccupé par son joint que par le reste. Évidemment, c’était une occupation bien plus passionnante, certes moins enrichissante, mais il passait le temps beaucoup plus vite ainsi. James fumait assez rapidement, car il ne voulait pas prendre trop de risques non plus. C’est alors, pendant qu’il était tranquillement en train de finir son spliff, qu’il entendit une voix derrière lui qui disait « A quoi tu joues ? »
James tourna alors la tête, sans faire attention au joint qu’il avait encore dans la bouche, et tira une taffe conséquente dessus, avant de l’écraser sous sa chaussure. Il ressentait les effets monter petit à petit dans son cerveau, et c’est alors, en prenant tout son temps pour se débarrasser du bout de carton qui servait de filtre, qu’il regarda de bas en haut la jeune femme qui était à côté de lui. Il lui adressa un sourire avant de dire :

« Oh, je ne joue pas, je passe le temps. Je n’ai pas vu d’autre moyen de le faire… T’en vois un autre toi ? »

Plus rentre dedans, c’était impossible à faire. C’était du James tout craché, ça, tout dans la provocation, sans jamais réfléchir aux conséquences de ce qu’il pouvait faire ou dire. Bien sûr les conséquences ne pouvaient pas dépasser une simple gifle, dans le cas présent. Néanmoins, ce n’était qu’une preuve supplémentaire de sa totale désinvolture et de son attitude hautaine permanente. Hautaine, car il ne se souciait pas réellement de ce qu’il faisait, mais on pouvait aussi dire qu’il était quelqu’un de cool. Les points de vues différaient, mais vous pouvez être sûr que cette jeune femme ne partageait pas ce point de vue. James ne la connaissait pas vraiment, ni de réputation ni de vue, et il ne savait même pas quel était son prénom. Il enchaîna alors, sans même attendre qu’elle ne réponde :

« Et à qui ai-je l’honneur de parler ? »

James, à l’inverse de son interlocutrice ne se dérangeait pas pour parler à voix haute, d’une voix grave plutôt audible. Il n’avait pas ce conformisme qu’elle dégageait, et que James avait pu comprendre rien qu’au son de sa voix.

‘‘ Elle le regarda agir avec un fin sourire. Il était ni mesquin – comme souvent – ni réellement amical et encore moins moqueur. Il s’agissait plus du sourire qui ne voulait pratiquement rien dire. Un sourire pour un sourire, une décoration reste une décoration. Octave s’effondra de nouveau sur la table, face contre le bois, n’écoutant plus que d’une oreille ce maudit cours d’histoire. Elle ne s’attendait pas à une réponse de la part de son voisin, ni même à la moindre attention de sa part. Alors imaginez sa tête quand il lui adressa la parole à deux reprises. « Oh, je ne joue pas, je passe le temps. Je n’ai pas vu d’autre moyen de le faire… T’en vois un autre toi ? » A ce moment, le fameux sourire devint plus naturel et décontracté. James n’avait pas tort.

« Effectivement, mais on pourrait toujours faire connaissance. Il nous reste une très longue et ennuyeuse heure d’écoute. Et puis à la limite, vu comment le vieux est plongé dans son sujet, on pourrait prendre un verre ? »

Sinon quoi ? Sinon, Octave allait certainement s’endormir et cela pourrait être comme une perte de temps. Quoique, une petite sieste ne lui ferait pas de mal. Mais avant même d’avoir prit le temps de fermer ses paupières, son voisin ramena la jeune femme à la réalité, dans l’amphithéâtre. « Et à qui ai-je l’honneur de parler ? » Octave s’accouda pour au moins avoir l’air présentable. Cette inactivité et cette idée de sieste avaient accentué sa fatigue.

« Octave. Quant à toi, tu es ? »

La jeune femme scruta son voisin. C’est dingue, elle ne l’avait jamais croisé, du moins son visage n’avait pas été mémorisé. Et pourtant, comment ne pas le rater. Il faut l’avouer, James avait quelque chose de particulier, de charismatique, d’attirant. ’’

Si elle ne l’avait pas encore remarqué, elle avait sans doute dû ne pas vraiment faire attention à ce qui se passait autour d’elle, étant donné qu’elle était en seconde année. Et l’année précédente avait été l’année où James s’était fait le plus d’amis et d’ennemis à la fois, au vu de ses agissements plus qu’illégaux. Tout d’abord, avec sa confrérie, car le Mu Delta n’était pas la meilleure solution pour rester sagement dans Brown jusqu’à la fin de ses études, et sortir diplômé comme un élève normal. James savait pleinement qu’en faisant le choix de rentrer dans cette confrérie, il était forcément fiché. Mais comment ne pas l’être, quand on est le pire délinquant de toute la ville. James n’avait aucun respect pour les règles, il avait un réel problème avec l’autorité. Ce n’était pas à cause d’une crise d’adolescence inachevé, ou bien pour se faire remarquer, mais tout simplement car il ne pouvait pas concevoir qu’un humain, son égal, puisse lui dicter comment agir, comment penser. C’était ainsi, et cela le resterait. Néanmoins, quand James entendit la jeune fille répondre à sa première question, qui apparaissait plutôt rentre-dedans, il tendit l’oreille et pu percevoir le mot verre. Donc, elle l’invitait à prendre un verre, ce qui était une chose plutôt intéressante. Si James ne l’avait pas remarquée, il était sûr qu’il n’allait pas la laisser tranquille sans avoir été plus loin qu’une simple discussion. Grand Don Juan des temps modernes, les femmes étaient pour lui une vraie passion. Ce n’était pas vraiment un bourreau des cœurs, car les jeunes femmes savaient à quoi s’attendre, généralement, mais il fallait avouer qu’il n’était pas toujours le mec parfait. Il se contenta de répondre :

« Et bien, une fois que nous serons libérés, nous pourrions aller prendre un verre en effet. Ou bien profiter de ma réserve personnelle… »

Tout en achevant sa phrase, il plongea son bras au fond de son sac, et en extirpa une petite bouteille de vodka. Alcoolique vous avez dit ? Non, il aimait juste faire la fête, n’importe quand, n’importe où, et surtout avec n’importe qui. C’était une de ses règles d’honneur. Il ouvrit la bouteille, et en but une gorgée, pour monter à la jeune femme qu’il n’y avait aucune substance indésirable à l’intérieur de ce flash. Il répondit alors à sa seconde question, car James ne s’était pas encore présenté. Sur un ton des plus nobles, il lui dit :

« James Douglas Rowan, pour vous servir, mademoiselle ? »

Il accentua la fin de sa phrase par une interrogation, et quelle interrogation. Il demandait par cette question si oui ou non elle était prise. Il voulait savoir si le terrain était libre, ou si la conquête de cette jeune femme s’avérerait plus difficile qu’elle ne le semblait. Néanmoins, il n’avait pas encore pris de décision finale, quant à ce qu’il allait faire avec elle, et préférait pour le moment laisser les choses suivre leur cour naturel.

‘‘ Certes, Octave était présente sur le campus depuis deux ans maintenant, mais la première année avait été en quelques sortes très différente et étrange. La jeune femme avait quitté l’Espagne – et même l’Europe – peu de temps auparavant et reprendre l’habitude de parler et de suivre les cours en anglais ne fut pas chose simple. C’est pourquoi, elle s’était essentiellement concentrée sur les cours et un peu moins sur ses relations. En plus, dès son arrivée, on lui avait collé la réputation de « trouillarde qui crie fort ». Pas cool. Cependant, l’histoire n’était pas très fausse. La jeune fille ne supporte pas l’obscurité – sauf lorsqu’elle dort et qu’elle est calme – ni les araignées, elle n’apprécie pas qu’on la fasse rougir en public – attention James – et comme beaucoup la jeune femme devient malade – dans le sens propre du terme – à la vue du sang. Sans oublier d’autre, la liste serait bien trop longue, mais les autres étudiants ont bien retenu ces peurs.
Néanmoins, il était évidant que les choses changent pendant l’été. La jeune femme avait repris ses aises avec sa langue maternelle et avait fondé des liens avec d’autres étudiants. Octave le regarda sortir la bouteille reprenant son air sceptique. Non il n’allait pas faire ça. Et il le fit. La jeune femme n’avait rien du tout contre l’alcool, elle pouvait être réticente par rapport à toutes les drogues, il lui arrivait de boire comme un trou alors qu’elle ne tenait pas du tout l’alcool.

« James, tu veux bien faire passer ? »

Il ne fallait pas lui montrer cette bouteille, ni même boire sans l’y inviter. En attendant, la question sur sa situation amoureuse était plus compliquée qu’il n’y paraissait. Aujourd’hui, d’un point de vue externe, il était évidant qu’Octave était une grande célibataire. Mais d’après elle, tout est compliqué. Des personnes à oublier lors de ses précédant voyages et qui au final sont inoubliables. James pouvait, peut être, toujours tenter sa chance. ’’

Il était vrai que James avait été plutôt impoli en ne proposant pas à la jeune femme de boire, mais il avait l’habitude que les gens se servent sans vraiment demander. Aussi, il prit une grosse gorgée, engloutissant presque le tiers de la bouteille, avant de la tendre à Octave. Il lui adressa un sourire puis regarda au loin ce que le prof était en train de faire. En réalité, cela ne l’intéressait pas réellement, mais il voulait tout de même s’assurer de ne pas être pris en flagrant délit. Il aurait été terriblement fâcheux que les parents de James apprennent qu’il avait repris ses activités de « bad boy » en cours. James se serait alors retrouvé dans une situation embarrassante vis-à-vis de ses parents à qui il avait promis d’améliorer son comportement pour la seconde année. Le professeur était donc toujours occupé à déballer un cours sûrement appris par cœur, mais avec une certaine passion qui aurait pu insuffler aux deux étudiants l’envie d’écouter ce qu’il disait. Néanmoins, il n’en était rien. Ils préféraient plutôt passer l’heure à des activités beaucoup plus intéressantes, et ça, l’un et l’autre pouvaient en convenir, boire était toujours plus intéressant qu’écouter un cours d’Histoire ennuyeux et déprimant. James vit qu’elle ne répondait pas à sa question, et décida donc d’y aller un peu plus franchement, aussi il redemanda :

« J’voulais dire, tu as un petit copain en ce moment, ou bien aucun homme n’a su être à la hauteur de la belle jeune femme que tu es ? »

C’en était presque risible, et pourtant, James faisait tout le temps cela. Il ne pouvait pas s’empêcher de draguer de cette manière. Soit ça marchait, soit ça ne marchait pas du tout. C’était ainsi qu’il menait sa vie, le tout pour le tout. Il se faisait souvent recaler par les filles, mais jamais il n’avait révisé sa méthode de drague, il aimait cela. Il aimait intimider les filles, les faire rougir, se sentir mal à l’aise, ou au contraire les faire rire. Cela ne le dérangeait pas le moins du monde de se prendre une gifle, il aimait susciter la réaction chez les autres. C’était ça, le truc chez lui, la réaction. Il fallait qu’on sache qu’il existe, et qu’on réagisse face à lui.

‘‘La jeune femme prit la bouteille en effleurant involontairement la main de James. Même si ce geste ne fut pas provoqué par le jeune homme et encore moins par Octave, elle ne put s’empêcher de se sentir comme mal à l’aise. Heureusement que ses pommettes ne s’enflammèrent pas. Nous aurions pu courir à la catastrophe. Octave essaya de masquer sans gêne en avalant une gorgée de vodka, puis en baissant la tête lorsque le liquide glissa le long de son œsophage. Pour une fois, en dehors d’une soirée étudiante, ça faisait du bien de boire autre chose que de l’eau ou des sodas.
A la suite, Octave sourit – dans un premier temps. Bien sur qu’elle avait compris la question, dès le début même. Que pouvait-elle bien lui dire désormais ? Eluder une question aussi directe n’était pas si simple. Au fur et à mesure de sa réflexion, la jeune femme se mit à rire discrètement. Puis après avoir descendue une seconde gorgée de Vodka, elle se cacha le visage entre ses bras et contre la table afin d’étouffer son rire. Une fois à peu près calmée, le regard d’Octave remonta vers James.

« Je suis désolée. Il n’y a rien contre toi. »

Elle essuya les quelques larmes d’émotions qui perlèrent sur ses joues en prenant la précaution que tout son maquillage ne la transforme pas en panda ou tout autre animal avec d’énormes traces noires.

« Tout ça pour dire… »

« Je n’ai pas eu de copain depuis un bon moment. Comme le trois quart des étudiants de ce campus, il faut l’avouer que j’ai connu des toilettes et des placards d’une toute autre façon… »

Cette fois-ci, c’était un sourire on ne peut plus embarrassé qui se dessina sur son visage en décomposition suite à cet aveu. ’’

La jeune femme avait l’air plutôt embarrassée par la question que lui avait posée James. Il avait le don pour rendre les gens mal à l’aise, avec ses questions plus qu’indiscrètes. Mais il avait voulu pousser la vérité jusqu’au bout. C’est alors qu’elle s’était mise à se comporter bizarrement, elle se mit à rire, puis on aurait dit qu’elle pleurait. James restait assis à ne rien faire à côté, observant et scrutant seulement sa voisine afin de comprendre ce qui pouvait bien lui arriver. Elle releva la tête et lui dit alors : « Je n’ai pas eu de copain depuis un bon moment. Comme le trois quart des étudiants de ce campus, il faut l’avouer que j’ai connu des toilettes et des placards d’une toute autre façon… » James était un peu surpris par sa dernière phrase, car il n’aurait pas pensé qu’elle était ce genre de fille au premier abord. Mais cela ne le dérangeait pas le moins du monde, étant donné que les placards et les toilettes, il les avait visitées accompagné, lui aussi. Il répondit alors, sur un ton se voulant rassurant :

« T’inquiètes pas, moi aussi j’les connais très bien les toilettes et les placards. Et faut dire que c’est pas si mal que ça. Non ? »

Il avait voulu plus ou moins rattraper son erreur d’avoir posé une question qui avait mise Octave mal à l’aise. Ce n’était pas du tout son but, mettre les gens mal à l’aise, mais pourtant il y arrivait toujours très bien, sans même le vouloir. Il n’avait pas besoin de réellement chercher pour trouver ce qui n’allait pas chez la personne. Non, James lui avait le don pour mettre le doigt dessus sans même s’en rendre compte. Alors c’était pratique par moment, et par moment, on arrivait à ce genre de choses. James passa sa main sur le visage d’Octave pour essuyer ses larmes délicatement. Il lui adressait toujours ce même sourire charmeur et rassurant à la fois. Il prit la bouteille et but une autre gorgée, qui celle-là lui monta directement au crâne sans même attendre de passer nulle part ailleurs. Il en prit une deuxième, puis une troisième qu’il enchaîna, avant de reposer la bouteille, satisfait. L’effet de l’alcool commençait à monter lentement jusqu’à son cerveau et déjà ses yeux le piquait légèrement, signe que sa vue commençait à se troubler. James regarda alors Octave droit dans les yeux avant de dire :

« Tu veux pas qu’on aille ailleurs ? Genre dans un endroit plus… intime ? »

C’était la phrase qui allait déterminer la suite des évènements et James le savait pertinemment : il prenait un risque considérable, se prendre une gifle ou bien… Octave en déciderait.

‘‘ C’était bien la première fois qu’elle avouait ce petit côté luxurieux à un étranger. En plus, en mentionnant les mots toilettes et placards. Pas très classe, surtout qu’il ne s’agissait pas toujours des sanitaires des grands hôtels ou d’autres… Et d’ailleurs, elle ne revenait pas du tout de cet aveu. Ainsi, la jeune femme osa de lui répondre sur la dure réalité de ses vieux exploits, assez amusée.

« Tout dépend encore du lieux où sont les toilettes. »

Néanmoins, cela faisait un moment qu’elle n’était pas retournée dans ce genre d’endroit accompagnée d’une personne du sexe opposé. Et elle devait se l’avouer, cela ne lui manquait pas vraiment. Octave le regarda, les yeux dans les yeux, avec un sourire crispé qui en disait long. Mais jamais l’idée de le gifler ne lui traversa l’esprit. La jeune femme savait parfaitement hurler sur les autres et ça lui suffisait amplement.

« En fait, je pense que j’ai un peu changé depuis ma dernière expérience toilettes. »

Au début, la jeune femme pensait surtout à se poser et avoir une vraie relation d’étudiant. Pas une histoire d’un soir. Octave croyait beaucoup ce que sa famille lui avait dit l’année dernière lors de son arrivée à Brown. Ces derniers disaient que – d’après une pseudo-étude – la moitié des étudiants rencontraient leur « futur » à l’université. Et même avec un taux d’alcool important dans son organisme, ce ne serait pas par volonté qu’Octave se rendrait avec lui dans un placard. Cependant, elle n’aurait peut être rien contre une partie de jambes en l’air – toujours occasionnelle – dans sa chambre ou même sur la plage, histoire de tenter quelque chose de nouveau, mais aussi pour le fun. Cette fois-ci, c’était le côté malicieux de son caractère qui s’inscrivit sur son visage, comme quoi il était assez expressif. Octave lui prit la main juste avant de lui parle, un peu comme si elle souhaitait qu’il ne refuse pas sa proposition.

« Ou on pourrait manger un morceau… »

« Et puis on pourrait prendre l’air sur la plage ou sinon je peux te montrer ma chambre. »

Sa voix ne laisser penser qu’une seule chose : quelque soit le choix de James, l’après midi allait finir de la même façon. ’’

L’ennui que James avait éprouvé au début de cette heure de cours s’était vite estompé pour laisser place à un intérêt total pour cette jeune femme qui n’était pas aussi coincée qu’elle en avait eu l’air au premier abord. Premièrement, elle avait avoué à James, un jeune homme qu’elle ne connaissait pas, des secrets qu’elle n’aurait sans doute pas aimé voir révélés. Et avec les Instant Gossips qui rôdaient à l’affût d’un ragot à raconter à toute la fac’, on ne pouvait pas être protégés par la confiance, ou tout autre notion de solidarité qui s’en approchait. Non, c’était un peu une sorte de chasse aux faibles. Ceux qui n’avaient pas suffisamment de tripes pour continuer à étudier ici en ayant un comportement compromettant s’auto excluaient. James faisait partie de ces gens qui voulaient étudier tout en transgressant toutes les règles établies par Brown. Comme forniquer à l’intérieur même de l’établissement, ce qui était une règle dont James n’avait jamais entendu parler. Octave prit la main de James, tout en le regardant droit dans les yeux, ce qui instaura le doute chez James. Au final, elle lui dit « Et puis on pourrait prendre l’air sur la plage ou sinon je peux te montrer ma chambre. » Cette proposition allait parfaitement à James, et il avait maintenant la certitude que les intentions de la jeune femme étaient les mêmes que les siennes. Si il avait encore un doute ou une incertitude sur la chose, elle venait de tout lui certifier en une seule phrase. Il répondit alors, en ne quittant pas ses yeux :

« Et bien… Par intime, j’entendais une chambre par exemple… Donc. »

James perçut l’air malicieux qu’elle avait dans le regard sans trop de difficulté, et fut plutôt captivé par ce regard qu’elle avait. C’est alors que la sonnerie retentit, marquant l’arrêt des cours et le début pour James et Octave d’une après-midi très longue. Il se leva, imitant les hordes d’élèves qui se précipitaient rapidement vers la sortie, pensant peut-être que plus vite ils seraient dehors, et plus vite l’ennui accumulé s’estomperait. Pour James et Octave, c’était le cas, car ils n’allaient pas avoir beaucoup de mal à faire s’estomper cet ennui. Pas du tout de mal, même. Il lui adressa un sourire en sortant, avant de dire :

« Et bien, je te suis. »