Just an other afternoon (Zelia)

Il était 3:00 PM, et James venait tout juste de sortir d’un cour de Littérature plutôt intéressant. Pour une fois, il ne s’était pas ennuyé en cours, ce qui était plutôt un bon point. Cependant, en sortant, il n’avait pas grand chose à faire. Il décida donc d’aller faire un tour au Parc, pour aller prendre l’air un peu. Il n’avait pas vraiment eu l’occasion de profiter un peu des belles journées ensoleillées, car il était un peu trop occupé ces derniers mois. Entre les fêtes, les amis, les soirées, etc… Il passait son temps à dormir le jour et vivre la nuit. Mais avec le rythme scolaire, il devait s’habituer à être levé dans la journée. Néanmoins, il devait admettre que la situation de deuxième année était fortement enviable, et lui permettait d’avoir un temps libre considérable. Ainsi, il avait donc le temps désormais d’aller, par un après-midi en pleine semaine, s’asseoir dans l’herbe dans le parc. Se roulant rapidement un joint, il ouvrit un livre. Le Mariage du Ciel et de l’Enfer. Combien de fois il l’avait lu et relu, c’était une question à laquelle James ne pourrait jamais trouver de réponse exacte. Il était sûr que c’était son livre favori, et pour cause, c’était un des livres les plus intéressants et pourtant des plus incompréhensibles qu’il avait eu l’occasion de lire.
Il lit quelques lignes, puis porta le joint à sa bouche avant d’allumer. Il tira les premières lattes, et se mit à chuchoter à lui-même plus qu’autre chose : « If the doors of perception were cleansed every thing would appear to man as is it, infinite » Il prit une nouvelle taffe, puis ferma le livre qu’il jeta au fond de son sac, remuant au passage un tas de cendre qui traînait à l’intérieur. Son sac était un vrai dépotoir, et n’importe qui aurait été réellement surpris de voir tout ce qui pouvait se trouver à l’intérieur. Entre les feuilles, les cours perdus, et tout ce qui pouvait servir de prêt ou de loin à se défoncer, James n’avait jamais pensé à faire le tri. Il avait donc toujours un bazar considérable sur lui, et toujours de quoi se déchirer le crâne. Ce qu’il était d’ailleurs en train de faire, bien que ce n’était que son deuxième joint de la journée. C’est alors qu’il entendit une voix familière derrière lui.

Le Mariage du Ciel et de l’Enfer

James leva la tête, tout en tirant sur le joint qu’il enflamma à moitié, puis recracha la fumée, et regarda enfin plus attentivement qui était la personne qui venait juste de lui adresser la parole. Et quelle fut sa surprise quand il vit que la voix n’était autre que Zélia, une fille qu’il avait honteusement abandonné pour partir alors qu’il était en vacances là où elle habitait. Certes, il avait apprécié sa compagnie, et il fallait avouer qu’elle était réellement le type de fille de James, sur le plan physique comme sur le plan caractériel. Ils avaient passé des nuits de folie, et ils avaient beaucoup partagé. James n’était pas vraiment le genre de garçon qui aimait rester longtemps avec la même fille, l’habitude, il détestait. Il avait vécu des relations assez longues, et généralement les choses se finissaient plutôt bien. Mais sur ce coup là, James avait vraiment merdé, et on pouvait le juger sans se méprendre : c’était le dernier des connards. On pouvait dire cela, mais on pouvait aussi dire qu’il n’avait pas vraiment le choix de rester ou pas. Il aurait juste pu le lui annoncer, et aussi, s’excuser ou revenir sur le passé n’aurait franchement servi à rien. C’est pour cela qu’il décida de ne pas s’excuser, mais de tenter une approche tout à fait différente. De la jouer à la James, en fait. Il adressa à Zélia un sourire maladroit, peu assuré, puis pour se rassurer lui-même pris une taffe sur le joint. Il déclara alors :

« Ah tiens. Zélia. »

Sa phrase transcrivait un étonnement auquel il n’avait généralement pas l’habitude de faire face. Néanmoins lorsqu’elle prononça sa seconde phrase, James se sentit directement plus à l’aise. « Je ne sais pas si j’veux te botter les fesses ou t’embrasser. » Pour James, le choix était vite fait, il répondit alors, presque immédiatement :

« La première solution me paraît de loin être… »

Mais il n’eut pas le temps de finir sa phrase, car il fut interrompu par Zélia qui avait elle choisi entre les deux propositions.

« Tu t'es bien foutu de moi ! »

« Avoue que tu le mérites. »

James s’était pris une belle gifle sans même l’avoir vue venir. Il s’était bien douté qu’elle n’allait pas lui botter les fesses au sens propre du terme, car il la connaissait un peu. Les vacances dernières avaient étés très enrichissantes, car il avait rencontré beaucoup de monde, il avait fait la fête tous les soirs, mais il avait oublié une chose essentielle tout de même : Zélia. Il l’avait totalement zappé. Le néant, le vide total. A aucun moment il n’avait pensé à elle en partant, alors que pourtant, ils avaient fait les 4oo coups ensembles, et ils avaient passé des nuits de folie que James n’avait pas pu oublier aussi facilement. Elle s’assit à côté de lui, sans rien dire de plus que « Tu t'es bien foutu de moi ! » Et elle avait entièrement raison. Ce n’était pas volontaire chez James, mais son naturel faisait chez lui ce côté hautain et insupportable mais à la fois totalement irrésistible, qui lui faisait se ficher de quasiment tout. Jusqu’à en oublier même une petite amie, et partir en la laissant en plan. Elle n’avait pas changé elle non plus, et James devait avouer qu’il la trouvait encore plus belle qu’avant. Il regarda en face de lui, de la même manière que la jeune femme, toujours en fumant. « Avoue que tu le mérites. » Il ne pouvait pas être plus d’accord. Il avait été un salaud sur ce coup là, et il le savait. Il était pleinement conscient qu’une simple gifle n’était pas suffisante pour ce qu’il avait fait. Il n’avait pas été puni autant qu’il le méritait. Il s’approcha d’elle, et l’entoura de son bras, la serrant contre elle. Il avait ce sourire qui lui donnait un air à la fois niais, mais à la fois protecteur et rassurant. Le vent soufflait sur ses cheveux, et les faisait voler dans les airs pour retomber sur son crâne coloré par les heures passées au soleil, sur cette pelouse ou bien d’autres encore. A ce moment précis, il ne savait pas vraiment quoi faire, aussi il opta pour la chose qui lui apparut la meilleure à faire. Tout d’abord, calmer Zélia et la rendre plus docile. Une autre gifle serait regrettable pour le jeune homme, car même s’il savait qu’il la méritait, ce n’était pas non plus une passion dans sa vie de se prendre des gifles. Et pourtant, si cela l’avait été, il aurait eu de la chance, car on ne pouvait plus compter le nombre de baffes qu’il avait encaissées. Il prit le joint, et adressa ce sourire à Zélia puis demanda :

« Une soufflette ? »

«

Tu ne te rends pas compte qu'il ne faut pas que je m'attache de nouveau à toi..

»

«

C'est quoi ? Parce que ça me rappelle vaguement quelque chose.

»

« Tu ne te rends pas compte qu'il ne faut pas que je m'attache de nouveau à toi.. » Oh que si, il fallait qu’elle se détrompe, il s’en rendait plus que compte. Et il l’avait très bien compris, qu’elle s’était attachée à lui. C’est pour cette raison qu’il était parti sans même la prévenir qu’il ne reviendrait jamais et ne la reverrait sans doute pas. En même temps, il ne pouvait pas se douter qu’elle se retrouverait dans la même fac que lui, comme par hasard. Décidemment, James n’était pas le plus chanceux de toutes les personnes de cette ville. Il était de loin l’un des plus malchanceux en même temps. Mais il souffrait d’un problème relationnel plus qu’évident pour n’importe qui s’intéressait un minimum à lui. Le psychanalyser n’était pas une tâche facile, mais comprendre qu’il ne pouvait pas rester plus d’une semaine avec la même fille, n’importe qui pouvait le faire. Surtout les gens qui passaient leurs vies à raconter des ragots sur les autres gens, ceux comme James. Lui, il avait tendance à ne pas trop s’attacher aux filles, enfin, pas outre mesure, par pur choix. Il n’aimait pas s’embarrasser de choses inutiles, et pour lui, une relation de longue durée avec une fille était quelque chose dont on pouvait aisément se dispenser. Ce qu’il réussissait à merveille. Mais cela cachait sans nul doute le fait que James avait peur de se dévoiler à une fille. Non pas au sens physique de la chose, non, il avait juste peur de devenir vulnérable. Aussi, les simples nuits en compagnie d’une fille lui apparaissaient la meilleure solution à adopter. Seulement, pour son plus grand désarroi, les jeunes femmes de ce siècle ne partageaient pas toutes ce point de vue sur les relations hommes-femmes. Vous me direz, heureusement, oui, mais cela rendait la vie vraiment difficile à James. Elle se redressa et s’écarta un peu de lui, dommage, il aimait son odeur, sa peau, le goût de ses lèvres. Il venait de se le remémorer d’un seul coup, la réminiscence, quoi de plus génial… « C'est quoi ? Parce que ça me rappelle vaguement quelque chose. » Il n’y avait donc pas qu’à James que la mémoire faisait défaut. Tant pis, il valait mieux lui montrer que le lui expliquer, de toute manière elle s’en rappellerait très rapidement. James prit le joint dans ses mains, et le retourna à l’intérieur de sa bouche, ne faisant dépasser que le bout de carton qui servait de filtre, il approcha son visage de la jeune femme, et en insérant l’extrémité dans sa bouche il souffla de manière à faire ressortir de la fumée. Ce qu’il réussit à merveille, avant de retirer le joint de sa bouche. Il le posa à côté de lui, et sans même se rendre compte de ce qu’il faisait, embrassa la jeune femme.

«

Tu peux pas redébarquer comme ça, d'un coup de baguette magique ! Tu sais que j'éprouve toujours des sentiments profonds pour toi, et je ne veux pas que tu joues avec moi !

Elle baissa les yeux.

S'il te plaît, ne me refais pas un remake de cet été-là, je ne le supporterais pas.

»

« Et dire que j'étais juste venue lire et me détendre ..

Elle sortit le livre en question, Le Mariage du Ciel et de l'Enfer.

Il peut attendre, être avec toi est plus .. intéressant. »

Ça, c’était sûr, niveau drogue, James était plutôt connaisseur. Il fumait au minimum deux, voire trois joints par jours. Et dans le terme minimum, il y avait aussi son contraire : le maximum. Pour le maximum, le comptage s’avérait très dur, car James ne se mettait que très rarement des limites dans la débauche la plus totale. C’était sur ce point là qu’il s’était directement bien entendu avec Zélia. Elle aussi, était plutôt comme ça, et les soirées de l’été précédent n’auraient sans doute pas étés les mêmes si Zélia n’avait pas été là. James ne pouvait pas le nier, il avait passé des moments formidables en sa compagnie. Seulement, il ne s’était jamais attendu à la voir ici et maintenant qu’il voulait démarrer une nouvelle année. Le timing n’était vraiment pas parfait, et James savait parfaitement qu’il aurait beaucoup de mal à démarrer une relation sérieuse avec elle. C’était impossible. Aussi, il comprit que c’était une erreur de commencer à l’embrasser, bien qu’il avait déjà envie d’aller beaucoup plus loin avec elle. Le goût de ses lèvres lui avait rappelé tellement de choses si profondément enfouies. « Tu peux pas redébarquer comme ça, d'un coup de baguette magique ! Tu sais que j'éprouve toujours des sentiments profonds pour toi, et je ne veux pas que tu joues avec moi ! S'il te plaît, ne me refais pas un remake de cet été-là, je ne le supporterais pas. » James la regarda dans les yeux, d’un air désolé. Désolé d’être lui, de ne pas pouvoir changer, de ne pas pouvoir lui promettre qu’il allait essayer. Tout simplement parce qu’il ne le voulait pas, c’était dans sa nature. Il aurait pu essayer, mais il savait parfaitement que c’était voué à l’échec. Il dit alors :

« C’est un peu toi qui débarque de nulle part, quand même… Tu sais très bien que je ne peux pas te promettre une relation de longue durée, sérieuse… J’ai envie de m’amuser, tu vois… D’ailleurs, on s’amusait bien ensemble, non ? »

Elle sortit un livre, et James n’eut pas besoin de l’observer longtemps pour le reconnaître. Surpris, et étonné de voir que quelqu’un pouvait lire ce livre, et encore plus Zélia. Non, c’était stupide de se dire « encore plus Zélia », car au final, il devait avouer qu’il ne la connaissait pas plus que ça. Sa couleur préférée ? Son livre préféré ? Il n’en avait aucune idée. Même si le contexte était très mal choisi il ne put pas s’empêcher de faire une remarque par rapport à ce livre et dit alors :

« Tu lis William Blake ? Très bonne lecture en tout cas… »

« Il peut attendre, être avec toi est plus .. intéressant. » Était-ce une proposition ? James n’en savait pas grand-chose, mais à ce moment précis, il avait de nouveau envie de l’embrasser. Serait-ce indécent ? On pourrait le qualifier de salaud, de faire ça alors qu’il savait qu’elle craquait totalement pour lui, mais qu’elle ne voulait pas s’attacher à lui en même temps. Pourtant, James se fichait éperdument de tout ça, et il l’embrassa à nouveau, la plaquant doucement contre l’herbe.